Située dans la zone sahélo-soudanienne, difficile d'accès du fait de sa position marginale par rapport aux grands axes de circulation du pays, la commune rurale de Barani, épicentre d'une chefferie peule autrefois très puissante, rassemble plus de 55 000 personnes durement touchées à la fois par la brutalité des temps météorologiques (longueur de la saison sèche où les températures journalières sont très élevées, importance des épisodes pluvieux en hivernage) et par les changements climatiques (accroissement de la violence des précipitations en saison des pluies et intensification et rallongement de la saison sèche) alors même que les activités agricoles, autarciques et vivrières, soumettent entièrement les populations à tous ces aléas climatiques. Les besoins de toutes sortes et la pauvreté sont donc immenses, ce que révèle l'ensemble des indicateurs démographiques ou de développement en regard des autres statistiques du Burkina Faso. De même, le suivi de 2007 à 2015 des travaux aux champs d'un groupe d'une vingtaine d'agriculteurs ainsi que celui des rotations culturales et des rendements donnent la mesure de l'irrégularité des productions de mil et de sorgho : juste suffisant en cas de précipitations normales, l'apport céréalier décroît fortement avec le moindre aléa climatique tandis que la disette apparaît dans les familles des cultivateurs. Incluse dans le programme BIOSOL (Université d'Orléans) consacré à la diffusion de l'agroécologie au Burkina Faso, cette étude aborde l'insécurité alimentaire provoquée par le changement climatique à l'échelle d'un village et les stratégies traditionnelles, notamment culinaires, mises en place pour l'affronter.