A propos de "Le miroir d'Oedipe" de Paulin Ismard
Résumé
L’esclavage a beau être, dans la Grèce antique, un fait social total, l’historien Paulin Ismard en trouve peu de traces dans les textes de l’époque. Pourquoi ? Parce qu’il ne faisait pas débat et que les esclaves n'étaient pas considérés comme dignes d'attention philosophique. Comment alors donner forme à ce silence ? L'historien postule que cette absence est un symptôme à interroger pour comprendre comment une société fait place à ses invisibles. Il relit alors minutieusement les rares textes anciens où se faufile la figure de l’esclave et montre ainsi comment elle a servi de repoussoir à la société athénienne pour forger, en miroir, sa conception de la liberté, de la philosophie, du travail, du corps social, des rapports genrés, de la violence, de la politique et même de la mort.
Mais l’historien fait surtout preuve d’imagination, en ce qu’il relie l'Antiquité aux textes, nés d’un tout autre contexte esclavagiste, d’Edgar Allan Poe, d’Aimé Césaire ou de William Faulkner. L'anachronisme et la comparaison éclaircissent ainsi certains silences. Ils permettent de mieux voir ce que les contemporains n’étaient pas toujours à même de discerner. Paulin Ismard fait ainsi sourdre de toute une littérature grecque invisibilisant les esclaves quelques éclats de leur puissance face au pouvoir des maîtres.