Modèles d'agents améliorés pour les foules de piétons : analyse des données empiriques de la Fête des Lumières et affinement des interactions mécaniques, des formes de piétons et des aspects décisionnels.
Enhanced agent-based models for pedestrian crowds : insights from empirical data at the Festival of Lights and refinements of mechanical interactions, pedestrian shapes, and decisional aspects
Résumé
With the surge in mass events, crowd dynamics have become an increasingly important subject of study. Understanding how groups move and evolve in space, particularly at medium and high densities, is crucial for organising such events.The first section of this PhD dissertation presents one of the first field datasets on dense crowds. This dataset includes pedestrian trajectories and meta-information collected during the 2022 Festival of Lights in Lyon as part of the Franco-German MADRAS project. It includes up to 7000 trajectories, GPS data, and contact information. In addition, some rare events have been identified, providing an in-depth description of pedestrian dynamics in complex, real-life scenarios. Subsequently, I develop a theoretical framework for modelling crowd dynamics that integrates a decision-making component, where pedestrians regularly adjust their desired speed, and a mechanical layer that confronts these decisions with the surrounding physical reality. Most existing models fail to faithfully reproduce mechanical interactions, often relying on idealised interaction forces and simplified circular shapes. Drawing inspiration from the scientific literature on grain dynamics, I integrate more realistic mechanical interactions into the Newtonian equations, using damped springs that are tangential and normal to the contact surfaces. I also use anthropometric data to represent the human contour as faithfully as possible, in two dimensions, rather than using simple discs. This allows me to create a synthetic crowd that incorporates individual heterogeneity. Regarding decision-making, pedestrians strive to choose a desired speed while adhering to various metabolic, physical, and psychological constraints, largely supported by empirical data. These constraints include:- A destination constraint which considers the goal of reaching a specific location.- Biomechanical limits related to the muscular and articular capacities of pedestrians.- A cost associated with the misalignment between the body and the desired direction of movement.- A desire to preserve one's social bubble, a zone that individuals wish to keep free of any intrusion, whether from obstacles or neighbouring pedestrians.- An intention to avoid collisions or interpenetration of comfort spaces during movement based on the estimation of time to collision.This comfort space is modelled by a scalar field of discomfort whose contours are not simply circular. The model is implemented in C++ and tested in various scenarios. After validation in simple situations involving pairs of pedestrians or a pedestrian near a wall, I successfully compare the model's predictions with experiments involving the propagation of a push through a row of people, evacuations, and weaving movements between walls and pedestrians.Finally, I investigate collective phenomena that occur not only in crowds but also in vehicular traffic, specifically stop-and-go waves resulting from the growth of dynamical instabilities. To better understand these phenomena, I simulate a car-following model that relies on maintaining a constant time gap with the following vehicle. Although the deterministic version of the model is unconditionally stable, introducing noise intriguingly leads to the emergence of stop-and-go waves. I explain this observation using an analogy with the Kapitza pendulum, which develops a new stationary state under strong vibrations. Specifically, discontinuities in a suitably defined order parameter appear when noise or density exceeds a finite threshold, echoing a liquid-gas transition. This noise may stem from inaccuracies in drivers' and pedestrians' observations, difficulties in brain information processing, or unaccounted interactions. My research on crowd dynamics highlights the importance of integrating decision-making processes with mechanical interactions to deepen our understanding of complex collective behaviours, notably in crowded environments.
Avec la multiplication des événements de masse, la dynamique des foules est devenue un sujet d’étude de plus en plus important. Comprendre comment les groupes se déplacent et évoluent dans l'espace, en particulier à des densités moyennes et élevées, est crucial pour l'organisation de tels événements. La première section de cette thèse de doctorat présente l'un des premiers ensembles de données de terrain sur les foules denses. Cet ensemble comprend aussi bien des trajectoires de piétons que des données GPS et de contact collectées lors de la Fête des Lumières 2022 à Lyon. Je développe ensuite un cadre théorique de modélisation de la dynamique des foules qui intègre une composante décisionnelle, où les piétons ajustent régulièrement leur vitesse désirée, et une couche mécanique qui confronte ces décisions à la réalité physique environnante. La plupart des modèles existants échouent à reproduire fidèlement les interactions mécaniques, car ils reposent souvent sur des forces d'interaction idéalisées et des formes circulaires simplifiées. En m'inspirant de la littérature scientifique sur la dynamique granulaire, j'intègre aux équations newtoniennes, des interactions mécaniques plus réalistes, en utilisant des ressorts amortis à la fois tangentiels et normaux aux surfaces de contact. J'utilise de plus des données anthropométriques pour représenter le plus fidèlement possible le contour humain, en deux dimensions, plutôt que de recourir à de simples disques. Cela me permet de créer une foule synthétique qui intègre les hétérogénéités individuelles. En ce qui concerne la composante décisionnelle, les piétons s'efforcent de sélectionner une vitesse souhaitée tout en tenant compte de diverses contraintes métaboliques, physiques et psychologiques, la plupart étayées par des données empiriques. Ces contraintes incluent : une contrainte de destination qui prend en compte l'objectif d'atteindre un lieu spécifique ; des limites biomécaniques liées aux capacités musculaires et articulaires des piétons ; un coût lié à la différence d’alignement entre le corps et la direction de mouvement souhaité ; une volonté de préserver sa bulle sociale, une zone que les individus souhaitent maintenir libre de toute intrusion, qu'il s'agisse d'obstacles ou de piétons voisins ; une intention d’éviter les collisions lors d'un déplacement, basée sur des estimations de temps avant collision. Cet espace de confort est modélisé par un champ scalaire d'inconfort dont les courbes de niveau ne sont pas circulaires. Après validation dans des situations simples impliquant des paires de piétons ou un piéton près d'un mur, je compare avec succès les prédictions du modèle à des expériences impliquant la propagation d’une poussée à travers une rangée de personnes, des évacuations, et des mouvements de faufilement entre murs et piétons. J'étudie enfin les phénomènes collectifs qui se manifestent non seulement dans les foules, mais aussi dans le trafic véhiculaire, en particulier les ondes stop-and-go résultant de la croissance d'instabilités dynamiques. Pour mieux comprendre ces phénomènes, je simule un modèle de suivi automobile en file qui repose sur le maintien d'un temps de freinage constant avec le véhicule suivant. Bien que la version déterministe de ce modèle soit inconditionnellement stable, l'ajout de bruit entraîne de manière inattendue l'apparition d’ondes stop-and-go. J'explique cette observation en utilisant une analogie avec le pendule de Kapitza, qui développe un nouvel état stationnaire sous l'effet de fortes vibrations. Plus précisément, une discontinuité d’un paramètre d'ordre apparaît lorsque le niveau de bruit ou la densité dépasse un certain seuil, faisant écho à une transition liquide-gaz. Mes recherches sur la dynamique des foules soulignent l'importance d'intégrer les processus décisionnels aux interactions mécaniques pour approfondir notre compréhension des comportements collectifs complexes, en particulier dans les environnements bondés.
Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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