Numérique responsable : tendances et perspectives dans les organisations
Résumé
Le secteur du numérique est porteur de nombreuses innovations dans les organisations qui sont nombreuses à actuellement déployer une stratégie de transformation digitale. Cette transition doit toutefois être articulée avec la transition écologique nécessaire pour réduire notre empreinte carbone durablement. La sobriété numérique vise cet objectif d’application des critères de durabilité environnementale à l’ensemble du cycle de vie de la Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) tout en encourageant la réduction des usages numériques quotidiens. Il s’agit ainsi de faire converger deux transitions (écologique et digitale). Cela laissant toutefois entendre que les TIC peuvent être considérées comme une solution aux problèmes économiques avec des bénéfices (notamment) écologiques espérés conséquents. Or, des auteurs comme Flipo et al. (2016 : 37) mettent en garde contre l’idée selon laquelle la dématérialisation va permettre de répondre aux difficultés sociétales actuelles (environnement, cohésion sociale, inégalité, etc.). Cette idée s’appuyant « sur des scénarios de nature ingénieriale reposant sur des hypothèses sociales, économiques et politiques qui ne sont pas problématisées » et qui ne tient pas compte notamment des externalités environnementales négatives générées par le numérique (par exemple l’effet rebond). Pour autant, le contexte sanitaire de 2020 a démontré le rôle fondamental qu’occupent les TIC pour la poursuite des activités de la société (économiques, pédagogiques, juridiques, etc.) occasionnant une croissance exponentielle de leur usage qui n’est toutefois pas sans conséquence sur l’environnement (Bohas & Poussing, 2016 ; Chuang & Huang, 2018 ; Pitt et al., 2011).
Le numérique responsable a ainsi pour objectif de concilier ces deux grandes transitions contemporaines et correspond à l’intégration des TIC dans les processus de dématérialisation et de décarbonation de l’économie (Attour & Depret, 2014). En cela, il s’agit d’une gamme d’initiatives et de technologies qui vont chercher, directement (dans leur incarnations) et indirectement (à travers la facilitation) à surveiller, contrôler et modifier notre impact sur l’environnement (Berthon & Donnellan, 2011). Ainsi, outre les TIC « vertes » développées afin d’avoir une incidence moindre sur l’environnement, l’« IT for Green » qualifie l’usage des TIC, vertes ou non, dans des politiques visant à écologiser les modes de vie (Flipo, 2021).
Toutefois, une approche techno-centrée du phénomène limite la prise en considération des usages. L’angle du numérique responsable en tant que « démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens » (www.greenit.fr) invite à mieux cerner les usages écoresponsables de ces TIC dans les organisations et estimer pourquoi et dans quelle mesure ils sont intégrés dans les pratiques organisationnelles