Les communautés de prêtres constituent-elles un clergé en dehors de la norme ? Cette question appelle une double réponse. On peut répondre par l'affirmative lorsqu'on considère les sociétés sous l'angle de leurs relations avec les diverses autorités religieuses, qu'elles soient incarnées par le curé, l'évêque ou son official. Trop en lien avec la société de leur temps, les filleuls ne pouvaient se couler complètement dans le moule de l'Église institutionnelle. À l'opposé, pour les paroissiens, ces collèges sacerdotaux n'étaient pas en dehors de la norme. Si leur trop grande implication dans les affaires du siècle est source de faiblesse pour la hiérarchie, aux yeux des fidèles, elle est leur force. En répondant aux besoins spirituels et temporels de leurs semblables, ils ont largement contribué, encore au XVIIIe siècle, à renforcer le tissu des solidarités communautaires, dont on connaît l'importance sous l'Ancien Régime.