De la RSE à la création de valeur partagée…
Abstract
La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) peut-elle être envisagée comme une source de création de valeur partagée en PME ? En posant le concept de création de valeur partagée, Porter et Kramer (2006, 2011) ont interpellé la communauté scientifique. En effet, les démarches RSE sont souvent sujettes à interrogation en ce qui concerne leurs conséquences sur la performance de l’entreprise. Pour Porter et Kramer (2011), les entreprises n’ont pas su capter les opportunités que représente la RSE en termes de performance globale. En déconnectant les trois piliers de la RSE, elles en ont dénaturé le sens, utilisant la RSE comme un moyen de soigner leur image, de manière détachée de leurs objectifs économiques. Face à ce constat, Porter et Kramer proposent une approche par la création de valeur qui semble novatrice, en ce sens qu’elle alerte sur la nécessité d’adopter un nouveau modèle de gestion en rupture avec le modèle de maximisation de la valeur pour les seuls actionnaires. Par ailleurs, les travaux en sciences de gestion portant sur les démarches RSE dans les petites et moyennes entreprises (PME), même s’ils se développent (Berger-Douce, 2008), restent secondaires par rapport à ceux traitant des grandes entreprises. Le concept de Porter et Kramer n’échappe pas à ce constat, ce qui pose la question de sa pertinence dans un contexte de PME, notamment dans celui des cabinets d’avocats et de conseils d’entreprises.
Dans cet article, nous retiendrons comme définition de la RSE celle de l’ISO 26000 qui s’appuie sur la théorie des parties prenantes et selon laquelle la "responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l'environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui : contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ; prend en compte les attentes des parties prenantes ; respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les normes internationales de comportement ; est intégré dans l'ensemble de l'organisation et mis en oeuvre dans ses relations" (NF ISO 26 000, 2010).