Les relations usages des sols / ressources en eaux souterraines envisagées selon une double perspective dans le cas d'échanges nappes/rivière – Application au fleuve Rhône
Abstract
Si l'usage des sols a un impact indubitable sur eaux souterraines, la répartition de la ressource phréatique a elle aussi un impact sur l'usage et l'occupation des sols. En retour, les activités humaines induites par la proximité ou l'abondance de cette ressource peuvent générer une modification de l'usage des sols ayant un impact sur les aquifères. Cette communication sera organisée selon cette double perspective et illustrée par les méthodes et résultats issus de l'action de recherche ZABR (Zone Atelier Bassin du Rhône) / Agence de l'Eau Rhône, Méditerranée et Corse débutée en juin 2006. Cette action vise à caractériser et à quantifier les échanges nappes/Rhône du Léman à la Camargue, en tenant compte des aménagements, à partir d'une méthodologie interdisciplinaire fondée : d'une part sur le croisement de métriques hydrauliques (hydrogéologie quantitative, modèles), hydrobiologiques (indicateurs biologiques : macrophytes, invertébrés souterrains) et géochimiques (traceurs chimiques et isotopiques) ; et d'autre part sur les outils SIG d'analyse spatiale (modèles TIN, modèles graphiques). Ce travail implique le Centre SITE de l'Ecole de Mines de Saint-Etienne, deux équipes des l'UMR 5023 EHF de l'Université Lyon I, le CEMAGREF de Lyon et la Compagnie Nationale du Rhône. La finalité de cette étude est tant scientifique qu'opérationnelle et vise à produire un outil d'interprétation des échanges (flux) nappes/Rhône, assorti de diagnostics, de préconisations pour la gestion de la ressource en eau. Lors de la phase 2 de ce travail, l'interprétation croisée des échanges nappes/Rhône sur un secteur test (Brégnier-Cordon, Rhône-Amont) a permis de dresser une cartographie issue de SIG montrant la superposition des résultats des métriques mobilisées. Ici, les métriques convergent dans la plupart des cas vers des résultats comparables et localement similaires. Le croisement des métriques permet une évaluation plus robuste des échanges en soulignant les convergences et en distinguant les divergences, divergences qu'il conviendra d'expliciter. La complémentarité des métriques permet une évaluation spatialement plus étendue pour des zones où l'on ne dispose pas de toutes les données, et procure aussi une plus-value d'informations spécifiques à chacune. Par exemple l'hydrophysique permet de quantifier les volumes échangés, certaines espèces de macrophytes sont en corrélation avec les apports de nappe, les invertébrés souterrains montrent la tendance des contributions phréatiques profondes et l'O18 permet d'estimer l'altitude de recharge. De ces résultats découlent des préconisations en matière de gestion de l'eau selon la rétroaction supposée dans les relations aquifère / usage des sols et ayant des implications sur : - la protection et l'intensité des captages, notamment pour l'AEP ; - la régulation de la thermie des eaux superficielles, influençant la biodiversité ; - le soutien d'étiage aux chenaux du fleuve et aux zones humides en période estivale ; - l'agriculture avec la modification des niveaux de nappes due aux aménagements ; - les potentialités de réalimentation artificielle des nappes. Les perspectives de recherche concernent la question du régime transitoire pour une prise en compte des variations hydrologiques saisonnières et à plus long terme dans un contexte de changement climatique. L'apport des métriques complémentaires, comme des indicateurs géomorphologiques et paysagers, pour l'évaluation des échanges sera envisagé.