Développement durable et démocratie : le nécessaire renouvellement des institutions publiques
Résumé
Aurélien Boutaud s'inquiète ici de l'incapacité des élus à prendre réellement en compte les enjeux écologiques et tente de l'expliquer. Si, en effet, tout le monde se réfère à tort et à travers au « développement durable », aucun des élus (ou des candidats à l'élection présidentielle) n'a sans doute vraiment pris conscience que ledit développement durable remettait fondamentalement en cause le concept même d'intérêt général qui, au fil du temps, s'est vu assimilé « à l'ensemble des intérêts particuliers qui se trouvent communs au plus grand nombre de votants ». Or, justement, le développement durable, outre qu'il implique de revenir au concept médiéval de « bien commun », implique que celui-ci soit appréhendé dans une perspective à long terme pour tenir compte des générations à venir et dans une perspective planétaire débordant largement l'espace étroit de l'État-nation. Et personne, aujourd'hui, dans les démocraties dites représentatives, ne tient compte de l'intérêt ni de l'humanité tout entière, ni a fortiori des générations futures. Ainsi, les élus (ou candidats à l'élection présidentielle) ne prennent en considération que les électeurs actuels qui, fondamentalement, demeurent indifférents aux grandes questions afférentes à la durabilité de l'écosystème. Ayant ainsi dressé un sinistre mais bien réaliste constat, l'auteur explore de quelle manière, au travers de quelles instances et procédures nouvelles de consultation, l'intérêt collectif à long terme et élargi à la planète pourrait être mieux pris en considération. En attendant l'avènement d'une hypothétique démocratie planétaire, l'auteur examine quelle peut être la contribution des conférences de citoyens et quelle forme pourrait prendre le principe de subsidiarité interactive. En bref, cet article pose une question majeure : celle de la capacité des régimes démocratiques - là où ils existent - à prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes qui n'ont pas la chance de pouvoir participer aux élections.